28.5.08

Balade en voiture

Suivez le guide...
A quelques minutes de chez moi, mon Pont préféré...
Road movie, avec les heurts et la mer qui penche, d'un seul conducteur et vidéaste amateur, bibi herself!
Et Mermet en bruit de fond, sur France Inter, ça vous donne une idée de l'heure...

24.5.08

Le squelette.

Le petit garçon était fier et heureux de passer le porche de l'école ce matin là. Ils allaient parler d'anatomie.
Le corps humain le fascinait depuis toujours. Comme les machines, les bidules qui avancent tout seuls, les bruits de la mécanique et le glouglou d'un estomac affamé.
Au passage d'un tracto-pelle il exprimait son contentement, ses yeux noirs grands écarquillés devant la vélocité de la bête et ses capacités de grimpe sur n'importe quel tas de pierres.
Souvent, il posait de nombreuses questions sur la façon de voler des avions, pourquoi une roue tourne, et le refus d'un genou de se contorsionner de l'autre côté.
Il attendait des réponses et avait demandé à son père de l'aide pour comprendre le pourquoi du comment de la machine humaine.
Par un heureux hasard, et sans que le père soit thanatopracteur, le garçonnet s'est retrouvé en possession d'un squelette humain d' 1,80m.
Très imposant.
Et paralysant pour qui le croisa alors, sous le bras du paternel dans la rue très fréquentée aux abords de l'école primaire. La Providence. C'est le nom de l'école.
Nul n'a su le succès de l'objet en classe. Seuls les yeux brillants du bonhomme ont exprimé la satisfaction de la réponse obtenue.
A la fin de la journée, il a regagné son domicile, squelette à l'os, et en attendant de le restituer, l'a posé sur le fauteuil du salon.
Est entrée A. La nounou superstitieuse de la petite soeur.
Le cri a du faire vibrer les fenêtres anti cyclone à deux cents mètres alentours...
Le squelette, au demeurant extrêmement souriant, de toutes ses dents, avait été affublé d'une casquette rouge et d'un bandana, ses radius et cubitus posés sur les accoudoirs du fauteuil, les genoux empilés comme un tas d'os.
Une vision apocalyptique de fin du monde pour A. Qui ne riait pas du tout.
Contrairement à nous, enfants de peu de foi.

21.5.08

Décalage

Les dames longeaient la route avec leurs parapluies noirs, ouverts sous un ciel azuréen. Il faisait chaud, comme en toute saison. Leurs robes légères et fleuries se soulevaient parfois, ondulaient sous la cadence de leur pas nonchalant.
Et puis, elles levaient la tête, le temps de faire un signe de croix discret au passage de la petite statue nichée dans le rocher noir.
Il faisait chaud. C'était l'été de janvier, celui que l'on passe sous les palmiers.
Bras dessus bras dessous avec une amie, au cinéma nous rendions. Tranquillement.
Le pas est lent au soleil, il profite, il s'étend.
Nous devions voir un film d'action dont j'ai perdu le titre en route, un film défendu, un film avec des méchants.
Quand on a 14 ans, il n'y a pas de méchants. C'est néanmoins ce que nous devons croire.
Non, mais il y a des garçons. Et ils sont nombreux. Et bavards. Et bruyants.
Au soleil, la chaleur cogne les hormones, elle les attise, les rend fébriles.
A notre passage, bien sûr, un concert fantastique de sifflements. Au sifflemètre, avec ma copine, on était assez haut placées.
Il faisait chaud, sous nos chemises légères (innocentes, les filles restent quand même des filles ).
Enfin, nous arrivâmes. La file était longue, même pour un après midi de semaine.
Et ce qui devait arriver arriva, la salle était pleine, nous ne pouvions plus voir le film que nous étions venus voir.
Que faire?
Il faisait chaud, l'ombre des salles obscures était bien trop attirante, nous choisîmes un autre film. "Le thé au Harem d'Archimède" . Choc. Incompréhension, totale, absolue...
Il reste du gris, de la violence, des injures, du malheur.
Notre monde à nous, loin, très loin de ce monde là, était fait des petits bobos de l'adolescence dans un milieu privilégié. La banlieue, était un mot, les cités, inexistantes, la misère, effondrée dans l'alcool, mais avec le sable des plages en guise de banc sous l'abri bus.
Dehors, quand les derniers spectateurs se sont égayés dans la ville, il n'y a plus personne. Même les petites dames aux parapluies ont dû rentrer à l'ombre de la case.
Ici, la vie se passe le matin, à la fraîche.
J'ai vu un enfer, et j'ai du mal à retrouver ma place .
En rentrant, on s'est pris un savon.
La journée était chaude. Sans doute.

18.5.08

Chas


Un jour, l'enfant décida de gravir la montagne.

Il n'avait ni peur ni froid.

D'un air décidé, sûr de lui, il se prépara un baluchon, comme il l'avait lu dans ses livres, ceux que la dame lui permettait d'emprunter.

Pour le faire, il avait ouvert la malle à l'odeur forte et parfumée, celle qui avait le pouvoir de guérir n'importe quel rhume, par son arôme puissant.
Il avait farfouillé, fébrilement, attentif à tout reposer comme il l'avait trouvé. Et c'est un grand carré blanc, rêche et doux à la fois qui avait été choisi.

Dedans, il avait posé ses dinosaures, sa baleine, son livre savant, celui qui contenait des mots pas encore compris, une boite de biscuits secs, ceux qui pouvait rester longtemps dans la main sans s'émietter d'impatience.

Et puis il avait attendu le "Grand Sommeil". Quand toute la maison était silencieuse, mais que lui gardait l'oeil rond, et l'esprit en ébullition.
Il savait qu'il ne rejoindrait la montagne que vers le milieu du jour, mais que l'attente serait longue, car il fallait réunir à la fois la pluie et le beau temps.
Comme les jours où l'arc en ciel vient illuminer le bleu du ciel.

La route de la montagne devait passer par là: Le pied du rayon multicolore, et puis le chas entre les nuages.
C'est un rêve qu'il avait fait plusieurs nuits en arrière qui lui avait indiqué le chemin.
Le mot chas l'avait laissé perplexe, il s'en était ouvert à sa soeur, de dix mille ans plus grande que lui; elle lui avait expliqué le chas de l'aiguille.
Alors, il avait passé le plus clair de son temps de sieste à regarder dehors par la fenêtre, le passage des nuages.

Là, il avait appris beaucoup de choses. Que l'hippopotame pouvait croiser une girafe sans être troublé par la taille de son cou. Que la gueule de crocodile ne restait pas ouverte assez longtemps pour manger le chapeau du dauphin, et que le soleil ne disparaissait jamais tout à fait complètement.
Voilà.
Le moment était venu.
Devant lui s'ouvrait le chas du nuage, celui qui permettait de gravir la montagne, celle qui abrite le Paradis.
Parce que, voyez vous, la route du Paradis, il veut la savoir, la connaître.
Depuis le jour où il a su, dans la profondeur de son coeur, et avec une angoisse soudaine et bruyante, que ceux qu'il aime s'y retrouveront un jour, avant lui, et surtout, sans lui.

15.5.08

Instants.


Le matin, tu es mutine.

Tu cries: "MAAAmanMAAAAmanMAAAmanmamanmamanmaman..."

Je pousse le rideau, je m'approche à pas feutrés...tu t'es retournée sur le ventre, les yeux clos, comme un sommeil de pacotille avec le sourire qui point comme un soleil du matin.

Et j'entends ta respiration suspendue, et ton dos qui se soulève par ton ventre qui le pousse, d'un rire intérieur, proche de l'explosion, comme le nageur qui doit remonter chercher de l'air à la surface.

Le midi, tu es câline.

Un moment, tu t'arrêtes, ta course dans la maison se fige, ton pouce rejoint ta bouche assoiffée de calme et de repos. Là, tu t'approches de mes jambes, tu te tiens d'un bras serré sur cette ancre terrestre, ta tête s'enfouit dans ma jupe, je ne peux plus bouger.

Et pourtant, c'est l'heure du repas, il y a mille choses à faire. Mais je te prends dans mes bras, tu te laisses aller, lourde, appuyée sur l'épaule.

Le soir, tu imagines.

C'est l'heure d'aller au lit, tu cours dans la mauvaise direction, en riant la bouche ouverte, cheveux au vent, yeux fermés (oui, c'est la nouvelle mode, trouver son chemin les yeux fermés) et tu cries:"unehistoireunehistoire" parce que tu as grandis, maintenant tu restes sage sur les genoux avec tes aînés, tu écoutes. Parfois. Parce que tu racontes aussi. La double histoire d'E. En stéréo, tu narres l'image, "oh, un canard, oh, un chat, oh? quessecest?" et aussi "achemeleumeleu, hein dis papa?"

Et puis tu fais un bisou à tout le monde, tu tends le front à ton frère en disant: "bisou ta soeur", tu tends le joue à ta soeur en disant: "bisouuuu" et tu cours vers l'escalier, heureuse.

Matin, midi et soir, chipie!

13.5.08

Mai

Ciel clément, qui nous fait rayonner sur le pavé...

Ciel étonnant, qui ferait croire qu'il nous tombe sur la tête...
Soleil qui se distribue parcimonieusement
Ou nuage de lait, faussement doux, vraiment ardu.

MAI
Mai, me plaît...

11.5.08

En photo mais sans café.

Hier, j'ai appris que le café est l'ennemi du blog.
Hier, j'ai été une génie.
Hier, j'ai failli ne plus écrire ici.
Hier, j'ai appris qu'un café, même pas du jour, donc, pas d'hier, nuit à l'ordinateur.

Hier, j'ai eu peur

Hier, je n'avais pas 600 euros sous les sabots de mon cheval.

Hier, je n'ai pas de cheval. Et c'est pas demain la veille. Aujourd'hui non plus.

Hier, j'avais déjà un ordinateur portable, avec une souris d'un ordinateur pas portable.

Et de toute façon, mon ordinateur n'est plus très portable, sauf 20 mn.

Hier, il faisait beau. Et l'homme travaillait.

Sur son/mon ordinateur.

Et le café pas du jour a chu.

Sur l'ordinateur...

Là, on se balance ensemble
Hier, on a retrouvé le tournetrèspetitesvisses.
Mais ça ne marchait plus.
Plus de P, plus d'espaces, plus de plein de choses, plus de lettres plus de mots.
Hier, j'étais fauchée, aujourd'hui moins, merci môman...
ici, on fini les yaourts maison.
J'ai dit:
"Est ce qu'on peut brancher le clavier de l'ordinateur pas du tout portable à l'ordinateur plus très portable, tu sais, comme la souris?"
Et aujourd'hui, j'ai un ordinateur pas portable du tout sans clavier, et un ordinateur plus portable avec un clavier qui ne marche pas ET un clavier qui marche.
Et en plus, génie, je suis.
Je ferais une photo, mais en attendant je mets celles que j'ai failli ne jamais mettre...
Ah, oui, hier, j'ai appris que l'entreprise qui m'emploie va licencier 4500 personnes d'ici 2012, mais qu'aucun départ ne serait contraint...
Ce ne sera pas à moins de 5 ans de salaire...

7.5.08

De Cravers...

Maman se met dans mon dos, avec l'assise de la balançoire devant elle. Ainsi, elle peut me soulever sous les bras sans que la balançoire chasse et que je me retrouve les fesses au sol, ou la balançoire dans le dos, comme ça m'arrive quand j'essaie de faire comme mon grand frère ou ma grande soeur.

Et puis je m'installe bien, surtout les mains autour de la corde, je serre très fort en regardant comment mes doigts sont positionnés, ça compte beaucoup pour le confort.

Alors, maman derrière moi attrappe les cordes, les tire vers le haut et j'adore ça car j'ai l'impression que je vais glisser. D'ailleurs je souris et parfois je commence à glousser.

Mais quand elle me demande :"prête?" je sais qu'elle va bientôt tout lâcher et que je vais tomber, sentir le vent dans mes cheveux et crier: "iouuu" car vraiment, j'aime ça.

Et puis elle me pousse. Je suis bien droite rigide pour ne pas tomber, et je vais haut! Parfois, un mouvement lance la balançoire de travers. Et je crie "de cravers, de cravers" en rigolant et en accentuant le geste avec le buste que je fais rouler de gauche à droite...

Je passe des heures sur la balançoire. Ça m'embête beaucoup quand maman me dit qu'elle va chercher un café et qu'elle revient. Quelque fois, ça dure plus longtemps.


Quand la balançoire a fini de balancer, et si maman n'est pas revenue, je m'occupe; soit je m'aplatis sur la balançoire et je tournicote, soit je vais marcher dans les fleurs sur la colline. Je sais que je n'ai pas le droit, mais pourtant, j'aime arracher les Eschscholzia et en faire un tapis de miettes...je n'aime pas quand on me laisse seule et qu'on ne s'occupe pas de moi, alors je m'amuse autrement.


Et alors, maman revient. J'ai gagné.

6.5.08

PETITIPO

Un jour, il m'a invité chez lui. C'était une chance à saisir, car je savais qu'il ne lançait pas une invitation au hasard, ni qu'elle était fréquente. Bien au contraire.

Je le connaissais pourtant depuis ma naissance, et jamais je n'étais allé chez lui.

Il m'a envoyé une lettre, écrite à la plume sur du papier comme dans les temps anciens. D'ailleurs, il me confia une fois qu'il avait de plus en plus de mal à se procurer cette denrée rare qu'est l'encre noire.

"Vous prendrez le petit chemin bordé de ces herbes géantes et magnifiques, fleurissant d'un bleu myosotis au printemps"



Je n'eus aucun mal à trouver ce petit chemin, tant le bleu de ces herbes éclairaient le ciel sans soleil. C'est un peu comme se dire qu'un jour le ciel était bleu.


Je suis arrivé devant cette grande ouverture, toute de pierre grise, lisse et chaude à la fois, mais je n'ai pu m'empêcher de faire le tour de cette étrange maison. Maison de l'ancienne campagne, bien peu courante dans nos villes embrumées.


On aurait dit un assemblage heureux de rondins de bois, tenant par l'étrange magie de l'espoir. La lumière y entrait facilement, et de toute façon il ne pleut plus depuis bien longtemps. Il avait réussi à trouver ces branches blanches dites en "plastique" matière bannie de nos contrées le jour où il avait fallu choisir entre vivre et polluer. Mais je me suis rappelé soudain, que petit, il avait déjà un talent certain pour démonter, remonter, construire, adapter avec n'importe quoi. Ce plastique là était peut-être enterré dans son jardin?


Néanmoins, je distinguais mon ami allongé dans sa maison broc'hoclite, avec ce rose au joue qui caractérisait son humeur joyeuse.


Tout chez lui était joyeux. Sa moquette rose, et son regard brillant. Son rire inextinguible pouvait lui valoir des hoquets insurmontables en moins de 3 heures. Pour le moment, on prenait soin de lui, il avait besoin de repos m'avait on dit. Ce qui pouvait expliquer ce lit improbable pour lui, que son amie Sarah avait du lui prêter récemment, lui permettant ainsi de faire le malade.



Il dormait. Ne voulant pas le réveiller, j'ai laissé près de lui un gâteau de boue qu'il trouverait à un moment plus opportun, quand il serait capable de s'y rouler. Là, Sarah devinerait sa guérison complète et viendrait reprendre son lit avant que ne s'y produise une inéluctable rencontre entre la boue et la couette à fleurs.
Et dire qu'il a fallu tout ranger...