27.9.09

Leurs mots...


16h00.
Je suis dans mon fauteuil, celui que je traîne partout, celui qui ne s'adapte plus à la déco, celui que j'aime car il est grand, large, confortable et rouge.
Un livre à la main, c'est le meilleur endroit pour lire.
Fiston (bientôt 6 ans) vient à passer par là. Il a son pouce dans la bouche, il est prêt à faire un petit câlin, je le sens bien.
Il me revient cette photo d'il y a au moins quatre ans en mémoire, ce même fauteuil et ce fils encore tout petit. Une photo argentique, de ces photos qu'on avait en papier, photo dont il fallait attendre le développement pour savoir si elle serait réussie ou non.
Je ne tirais pas 100 photos par jour à l'époque..non, une ou deux...
Sur cette photo j'ai les cheveux courts, et mon fils est sur mes genoux, tiens je crois bien que j'étais enceinte de miss troisième.
Il porte sa robe de chambre, c'est donc qu'elle est du matin ou bien d'après le bain. Je ne sais pas, car il a la tête en arrière, et je distingue mal ses cheveux. Je suis la bouche contre sa joue, tout près de son oreille et je souris franchement, c'est facile, j'ai les plis du menton qui froncent.
Il a la tête rejetée en arrière car il est dans une de ces fabuleuse explosions de rire, ces rires qui, à 6 mois quand il était à quatre pattes le faisaient tomber sur le ventre, ces rires qui lui faisaient perdre toutes ses forces, tellement il donnait de l'intérieur de lui.
Cet après midi, j'ai repensé à cette photo quand il s'est blotti dans mon giron, la tête contre mon coeur, tout recroquevillé comme pour redevenir tout petit.
Je lui ai chuchoté à l'oreille:
"surtout, tu n'oublieras jamais que maman t'aime, tu le notes bien dans ta tête, d'accord? (suivi du petit mot affectueux que je lui donne à lui comme à ses soeurs, et que je me garde de vous dire pour qu'il reste entre nous)"
Voilà sa réponse:

"Peut-être qu'il faut noter plein de "je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime" sur une feuille, comme ça, si on en perd un, il en reste encore plein d'autres".

Je l'ai serré fort, fort, fort, et il est parti finir de dessiner ses dinosaures...

PS: il est caïman impossible à présent de le prendre en photo sans qu'il y ait pose, voire grimace du jeune homme...

21.9.09

Etre

Il est quatre heures du matin.
Dehors, le ciel est noir, la lune est en phase "je me cache encore un peu et à la place je vous laisse voir les étoiles". C'est sans compter les nuages.
La porte s'ouvre. Celle de la chambre des enfants. C'est facile, elle grince.
Sur la passerelle (oui, nous avons une sorte de pont de bois dans la maison) j'entends les petits pas. Elle marche souvent sur la pointe des pieds. Elle porte une chemise de nuit avec des libellules.
Son pouce de la main droite est dans sa bouche et sa main gauche fait tournicoter une mèche de cheveux. Quand elle est dans mes bras, souvent elle fait la même chose mais avec mes cheveux. Elle a une sorte de passion pour eux, je ne sais pas ce qui l'y attache. Même quand je viens de faire un shampooing, elle me demande un câlin, juste pour pouvoir passer sa main dans les mèches lourdes d'humidité. Invariablement, elle demande: pourquoi ils sont mouillés?
Mais cette nuit, elle marchait sur la passerelle, toujours un droit chemin, directement de sa chambre à la mienne, de son lit au mien, elle entre.
Elle arrive par le bout du lit, enjambe le bord, se faufile sur le côté pour rejoindre mes bras qui s'ouvrent, un enfant qu'on ne contrarie pas laisse dormir plus longtemps...
A cinq heures du matin elle était descendue au niveau de mes genoux, une demi heure plus tard, elle était de travers, presque à tomber sur le plancher.
Ma petite grenouille de 3.5 ans (je suis une grande moi, j'ai troizan et demi) restait sur le ventre, le pouce dans la bouche. Elle a voulu sans doute éviter de se retrouver par terre, alors, les yeux fermés elle a grimpé sur ma cuisse, sans se réveiller, elle a rampé, puis s'est retrouvée sur mon dos. Je sentais sa tête à la base de ma nuque.
Collée à moi comme une ventouse, adaptée à mon corps qui reconnaît le sien pour l'avoir porté dedans 9 mois, puis sur le ventre en écharpe, un temps bien trop court d'au moins un an, enfin sur le dos, encore en écharpe, cette même position qu'elle prend quand elle veut descendre l'escalier sur mon dos, cette même position qu'elle a prise cette nuit, de total abandon, de confiance absolue, de don de vie comme d'amour incommensurable.
Je ne pouvais plus bouger bien sur, non pas que je ne voulais pas la réveiller, non pas que je me sentais mal, non, juste profiter de cette fusion entre ce petit corps et le mien, ce plaisir infini de la sentir contre moi, vivante.

15.9.09

Dirty

Je devais avoir 15 ou 16 ans, je ne sais plus. Plutôt 16.
C'était un de ces nombreux dimanche que je passais chez ma meilleure amie, celle qu'on adore, celle qu'on déteste, celle qu'on n'oublie jamais.
Sans le petit écran chez moi, nous nous faisions des orgies de séries, de film, sous l'oeil libéré de sa mère, affalées sur un canapé accueillant, de la pâte à tartiner en suffisance, le type même de l'ado en révolte contre les siens.
Il y a eu la musique. Il y a eu la danse. Il y a eu cette godiche qui devenait femme, le rêve de la complexée que j'étais, il y a eu la love story, il y avait P.Swayze.
Fan absolue de ce film, je l'avoue, je l'ai vu mille fois à l'époque, m'identifiant à "Bébé".
Quelque temps plus tard, j'avais grandi, oublié ce film, une histoire de fantôme m'a émue. Une femme belle, bien foutue (eh oui, les complexes, toujours) artiste, et toujours cet homme, même pas beau, qui la faisait pleurer.
Ce matin, la tête dans l'oreiller, je n'ai pu m'empêcher ce petit pincement en entendant la mort de Patrick Swayze, déjà 57 ans, que 57 ans.
(je viens de revoir l'extrait...ils dans ent bien, c'est beau, j'aime toujours ;-) )
Soupir.

3.9.09

Peindre.

Souvent, la couleur a coulé du rouleau sur mon bras, tachant de bleu ou de blanc mes cheveux.
Si d'aventure il me reste du blanc d'ailleurs, n'y voyez point l'outrage des ans, juste le passage d'un pinceau trop audacieux.
Parfois, j'ai pu saisir la grosse brosse pour enduire d'huile un bardage trop sec, pour le nourrir de gouttelettes.
Aussi, j'ai pu tenter la peinture acrylique, celle qui recouvre, qui aplatit une image, un visage sur une toile.
Mais enfin, hier, ou peut-être était ce dans mes rêves, j'ai touché la peinture à l'huile.
Je me suis rappelé son atelier.
Une petite pièce sous les toits, qui empestait ce que je sais à présent être de l'essence de térébenthine. Une lucarne pour de la lumière blanche.
Un fatras de pinceaux et de pots, de tubes cornés, tout plissés, pliés comme les dentifrices usagés. Contre les murs, des châssis, des toiles, retournées, cachées, protégées des regards et des petites mains. Les petites mains qui jamais n'auraient osé...
Dans sa maison, les toiles achevées aux murs, comme une immense galerie d'art.
Et toujours un mystère.
Mais comment fait-on?
L'huile? mais quelle huile?
Et bien après, en histoire de l'art, les lumières, les transparences, les tableaux cachés sous les autres tableaux...
La peinture à l'huile, ou l'art d'entrer dans mon rêve d'enfant...
Nous avons choisi le format des toiles enduites de Gesso, fabriquées du châssis à la pointe par ces dames...
Nous avons réfléchi à la couleur, au "fond" du tableau. Tableau! quel beau mot!
Nous avons sorti les tubes, les palettes, les diluants...
Gras sur maigre.
Bien.
Pinceaux non, brosses, ah oui! mais rien à voir avec la brosse à chiendent, non, des rondes, des carrées, des souples comme de la soie...tu les poses sur ta main on dirait le pinceau de maquillage sur ta paupière.
La couleur...tu en prends une, et tu la mélange avec une autre...pour en faire une troisième...c'est bleu comme c'est étrange...
Tu saisis ton flacon d'essence, et tu dilues, encore pour en faire une peinture liquide, elle doit être bue par la toile, aspirée par ses fibres, c'est long le fond d'une toile...
Et puis tu peux recommencer avec un peu d'huile dans l'essence et là...et là, tu vois ta peinture déjà beaucoup plus souple, soyeuse, elle glisse, la brosse, elle longe le tableau encore et encore, c'est du patinage, c'est de la brillance, je me suis vue mettre mon pinceau de cuisine sur la brioche gonflée prête à enfourner, et je tire la peinture comme je tire le jaune d'oeuf sur la peau douce de la gourmandise.
J'ai eu l'impression de voir vivre la toile, elle ployait légèrement sous les caresses des soies, elle se faisait de plus en plus belle, de plus en plus lumineuse...
Ainsi, la peinture à l'huile joue sur les transparences et le geste sensuel...
Point de tableau, attendre...
(la trame de près, l'huile sur la trame, le bleu, bleu que j'aime)

1.9.09

Blue Tag...

Marcus! est de retour!
Et il commence la semaine avec un Tag, dis donc!
Et il a raison, je commençais à m'endormir sur mes lauriers ou au moins sur mes oreillers.
Tag en bleu, 7 photos avec du bleu.
Tiens, étonnant, j'en avais!
Plein!
Cliquez sur la photo pour la voir en grand if you want!




Et pour réveiller un peu tout le monde...
Que tous ceux qui passent le fassent... non, ce ne serait pas assez!
Que tous ceux qui laissent un com, le fassent. Non, personne n'oserait!
Que tous ceux qui veulent s'y mettent!

Bon retour, bonne rentrée, bonne journée, à bientôt!
Oui, là, ça peut marcher!

J'ai de la chance!
La participation de Virginie, et celle de Charles, IcI
Enfin Maya (Virginie !) aussi!
Lola, qui n'a pas de blog (pas encore, bien qu'elle aie des choses à dire...) participe aux Bleus, là!
Merci Lola!